Selon une enquête de Santé publique France publiée à la mi-septembre, le risque pour les quelque 600 000 salariés de la grande distribution alimentaire (GDA) de souffrir d’une maladie à caractère professionnel est supérieur à celui d’employés d’autres secteurs. Les contraintes physiques et organisationnelles de ces métiers sont notamment susceptibles de provoquer des troubles musculo-squelettiques (TMS).
Les salariés de la GDA, principales victimes des TMS
Deux fois par an entre 2009 et 2016, des médecins du travail volontaires ont recensé les cas de TMS diagnostiqués sur une période ininterrompue de quinze jours. Sur l’ensemble des travailleurs consultés dans le cadre de cette initiative, 17 700 (soit 3,5 %) sont issus de la grande distribution, notamment des supérettes et des hypermarchés.
Le rapport révèle que les troubles musculo-squelettiques touchent plus fréquemment les caissiers et caissières (4 122 personnes) et les employé(e)s en libre-service (4 988 individus) que le personnel d’autres domaines d’activité. Ces pathologies se manifestent par des atteintes musculaires et articulaires au niveau des membres supérieures et de la colonne vertébrale. Ces problèmes sont dus :
- au port de charge,
- à la répétition de gestes,
- aux horaires décalés,
- à la posture qui ne permet pas toujours de se conformer aux règles standards d’ergonomie au travail.
Selon l’agence nationale de santé publique, les résultats de cette étude confirment ceux d’une analyse réalisée sur la base des statistiques 2016 de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CnamTS). Avec une moyenne de 5,7 maladies professionnelles pour 1 000 salariés, la GDA affiche un taux de prévalence deux fois plus élevé que l’ensemble des autres secteurs. Le nombre d’accidents du travail est également supérieur chez les employés des supermarchés.
Un taux de prévalence des TMS supérieur chez les femmes
Santé publique France précise que les femmes représentent 63,9 % des postes en caisse et en libre-service et sont plus souvent atteintes de pathologies d’origine physique. D’après le rapport :
- Les pourcentages de signalements de maladies à caractère professionnel (MCP) dans ces deux corps de métiers s’élèvent à 8,1 % et 10,6 % respectivement. En comparaison, sur tous les professionnels de la GDA interrogés, la moyenne se situe à 8,0 %.
- Plus spécifiquement, en ce qui concerne les TMS, les salariées de la GDA sont encore une fois plus souvent affectées avec 5,8 % de taux de prévalence, contre 3,4 % pour le panel.
- La tendance s’inverse en revanche pour les troubles psychiques, les femmes travaillant dans la GDA semblant relativement épargnées (taux de prévalence de 2,5 %) par rapport à la population de référence (3 %).
Toutefois, Santé publique France note un léger repli des TMS chez les employés de la GDA. Selon les auteurs de l’étude, cette amélioration serait due à la révision des conditions de travail pour ces métiers dont le caractère contraignant est reconnu.
Cependant, les conséquences physiques restent importantes pour ces publics souvent précaires, dont de nombreux étudiants qui complètent leurs revenus grâce à des jobs dans ce secteur. Les chercheurs ayant mené l’enquête soulignent ainsi à quel point les actions de sensibilisation aux risques de santé au travail et de prévention sont essentielles.
Source : euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/grande-distribution-les-salaries-particulierement-exposes-aux-lesions-articulaires/