Chaque année, le Dry January invite à réduire ou stopper la consommation d’alcool durant le mois de janvier. Ce défi collectif vise à encourager une réflexion sur les habitudes de consommation et leurs impacts sur la santé. Mais au-delà de l’initiative personnelle, cette période est une opportunité pour les entreprises de se pencher sur les pratiques addictives dans le milieu professionnel.
Différents modes de consommation
La consommation de substances psychoactives peut être classée en trois grandes catégories :
- Usage simple : une consommation occasionnelle, sans dommage immédiat. Toutefois, elle peut avoir des conséquences à long terme.
- Usage nocif : une consommation épisodique ou régulière, ayant des répercussions négatives sur la santé physique ou mentale du consommateur ou de son entourage. Ce type de consommation est considéré comme pathologique.
- Dépendance (addiction) : une consommation répétée ou continue, caractérisée par une perte de contrôle. Les individus dépendants privilégient cette consommation à d’autres activités, malgré des conséquences négatives. Le craving, quant à lui, se définit comme une envie irrésistible de consommer une substance, malgré la conscience de son caractère inapproprié
Ces trois niveaux montrent qu’il est crucial d’intervenir avant que la dépendance ne s’installe, en ciblant les pratiques nocives dès leur apparition.
L’interaction des trois facteurs d’apparition d’une pratique addictive
L’évolution vers une pratique addictive résulte de l’interaction entre trois grands types de facteurs :
- Facteurs personnels : événements de vie tels qu’un deuil, une rupture, ou un stress chronique, ainsi que des prédispositions psychologiques (anxiété, traits de personnalité). L’âge joue aussi un rôle clé : débuter une consommation avant que le cerveau ne soit mature (vers 20 ans) augmente considérablement les risques de dépendance.
- Facteurs environnementaux et culturels : l’influence de la famille, des amis ou du milieu professionnel est déterminante. Une culture où l’alcool est valorisé, comme en France, ou des événements réguliers impliquant des substances psychoactives peuvent encourager leur consommation.
- Caractéristiques des substances : la disponibilité, l’acceptation sociale et le potentiel addictif varient d’une substance à l’autre. Par exemple, l’alcool est facilement accessible et socialement toléré, ce qui en fait l’une des substances les plus consommées.
Des conséquences sur la santé et la sécurité
La consommation répétée d’alcool peut s’accompagner d’une dépendance à cette substance, de dépression, d’hypertension artérielle, d’insuffisance cardiaque, d’accidents vasculaires cérébraux, de crises convulsives, de cirrhose, de dénutrition, de cancers. L’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est classé comme agent cancérogène (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer. L’addiction a des conséquences sociales durables et significatives dans la vie de la personne : isolement, marginalisation, stigmatisation, déscolarisation, perte d’emploi, séparation, problèmes financiers, etc.
La consommation d’alcool est responsable à court terme d’une diminution de la vigilance, des réflexes, de troubles de la vision, etc. Un effet désinhibiteur est observé dès les premiers verres. Il peut entraîner une prise de risque (conduite dangereuse de véhicules…).
La conduite d’un véhicule sous l’influence de l’alcool multiplie par 17,8 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel.
Le risque d’accident du travail grave est multiplié par 2 chez les hommes consommant au moins 4 verres d’alcool par jour, et chez les femmes consommant au moins 2 verres par jour.
Le risque d’accident du travail grave est augmenté de 50 % chez les travailleurs (hommes ou femmes) qui consomment 6 verres ou plus en seule occasion, au moins une fois par semaine.
Le rôle du travail dans l’apparition des pratiques addictives
Le travail peut jouer un rôle paradoxal vis-à-vis des pratiques addictives : il peut être un facteur protecteur en offrant une stabilité, mais aussi un facteur déclencheur lorsque les conditions de travail sont difficiles. Deux grandes dynamiques sont identifiées :
- Consommations dans le cadre du travail : certains milieux professionnels favorisent directement la consommation, par exemple lors de pots, séminaires ou repas d’affaires. Dans certains secteurs (vente, restauration, production), l’accès facile à des substances psychoactives peut également encourager leur usage.
- Consommations pour faire face au travail : des salariés consomment pour gérer le stress, compenser l’isolement ou supporter des contraintes physiques ou horaires. Les horaires atypiques, les tâches répétitives ou la pression liée aux responsabilités augmentent ces risques.
Faites un test !
Questionnaire FACE
1. À quelle fréquence vous arrive-t-il de consommer des boissons contenant de l’alcool ?
o Jamais = 0 point
o 1 fois par mois = 1 point
o 2 à 4 fois par mois = 2 points
o 2 à 3 fois par semaine = 3 points
o Au moins 4 fois par semaine = 4 points
2. Combien de verres standards buvez-vous au cours d’une journée ordinaire où vous consommez de l’alcool ?
o 1 ou 2 = 0 point
o 3 ou 4 = 1 point
o 5 ou 6 = 2 points
o 7 à 9 = 3 points
o 10 ou plus = 4 points
3. Votre entourage vous a-t-il fait des remarques au sujet de votre consommation d’alcool ?
o Non = 0 point
o Oui = 4 points
4. Avez-vous déjà eu besoin d’alcool le matin pour vous sentir en forme ?
o Non = 0 point
o Oui = 4 points
5. Vous arrive-t-il de boire et de ne plus vous souvenir ensuite de ce que vous avez pu dire ou faire ?
o Non = 0 point
o Oui = 4 points
Interprétation du test FACE
- Score ≤ 5 points = risque faible ou nul
- Score de 6 à 8 points = consommation excessive probable
- Score ≥ 8 points = dépendance probable