La crise sanitaire a lourdement affecté la santé psychologique des salariés ainsi que le rapport au travail. Un sondage réalisé début 2022 par OpinionWay pour un acteur évoluant dans le domaine de la santé, la sécurité et la psychologie au travail met en lumière une multiplication des cas de détresse psychologique et même une explosion des cas de burn-out modéré ou sévère. En parallèle, les rapports des Français au travail et leurs attentes ont considérablement évolué, le bien-être au travail devenant une priorité.
La détresse psychologique impacte davantage certaines populations
La pandémie a entraîné une dégradation de la santé mentale au travail. Respectivement 41 % et 13 % des salariés souffrent de détresse psychologique modérée et élevée. La moitié des répondants note une agressivité accrue de son entourage professionnel ces deux dernières années, et 25 % reconnaissent être eux-mêmes agressifs pour des raisons anodines.
Certaines catégories de travailleurs sont plus exposées aux risques psychosociaux, comme le montre la hausse du taux de personnes en situation de détresse psychologique depuis la dernière édition de l’enquête en octobre 2021 :
- 54 % des jeunes de moins de 29 ans (+13 points). Les principales raisons sont les difficultés d’intégration et le manque de repères au sein de l’entreprise.
- 47,5 % des femmes (+3,5 points) à cause de la charge mentale, du manque de reconnaissance et du fait qu’elles sont surreprésentées parmi les métiers faiblement rémunérés et peu qualifiés.
- 44 % des managers (+6 points). Leur quotidien est compliqué par la gestion à distance des collaborateurs et de coordination du surcroît de charge de travail.
- 64 % des professionnels des ressources humaines qui ont dû mettre en place les protocoles sanitaires et mesures de prévention, organiser le télétravail, gérer les conflits et l’isolement des salariés, alors que les ressources dédiées à la santé et au bien-être au travail sont insuffisantes.
Mais de manière générale, la pandémie est à l’origine d’une fatigue qui concerne tous les actifs : la couverture médiatique, citée par 66 % d’entre eux, et l’obligation de se plier aux règles et contraintes liées au Covid-19, pointée du doigt par 55 % des répondants.
Les taux de salariés atteints de burn-out sont multipliés par trois
Or, la détresse psychologique a des conséquences graves :
- fatigue intense et chronique,
- agressivité,
- hostilité,
- problèmes de santé physique (hypertension artérielle, AVC) et mentale (dépression sévère, addictions).
Les impacts pour l’entreprise sont :
- des relations et une ambiance dégradées,
- des arrêts maladie à répétition,
- un turnover élevé.
Le burn-out inquiète tout particulièrement. 6 millions de salariés (soit un tiers des effectifs) souffrent d’une forme modérée, tandis que 13 % sont victimes d’une forme sévère. Ces taux ont triplé depuis le début de la crise.
Encore une fois, les professionnels des RH et les managers sont les plus touchés : respectivement 63 % (34 % atteints de forme sévère) et 38 % (16 % souffrent d’une forme sévère). C’est également le cas de 36 % des télétravailleurs (13 % en burn-out sévère).
Il est attribué entre autres à la perte de sens, à la confusion entre l’espace de travail et la maison, et la charge de travail élevée, auxquels s’ajoutent les responsabilités familiales.
Les mesures de prévention de la souffrance psychologique au travail
Alors que la crise a eu un lourd impact sur la santé psychologique au travail, seulement 25 % des salariés observent une réaction rapide et des actions concrètes de leur direction générale. Les chiffres suivants montrent la marge de progression qui reste aux entreprises sur les aspects essentiels de la qualité de vie au travail (QVT) :
- l’engagement du comité de direction dans le domaine : 30 % ;
- l’existence d’un référent sur le sujet : 50 % ;
- la capacité à reconnaître les signes d’une détresse psychologique chez soi-même et les autres ;
- la connaissance des méthodes permettant de préserver ou d’améliorer sa santé psychologique au travail : 40 %, même si la même proportion dit ne pas réussir à les appliquer au quotidien.
Les entreprises doivent par conséquent agir en urgence pour la santé mentale des salariés. Pour cet enjeu majeur, et faute de compétences en interne, elles peuvent se faire accompagner par un spécialiste de la prévention des risques psychosociaux (RPS) tel que le cabinet Preventech Consulting. Après un diagnostic, notre équipe d’experts recommande des solutions adaptées à chaque organisation et aide à leur mise en œuvre.
L’objectif est de garantir une prévention et une prise en charge efficaces des employés en souffrance psychologique, mais également d’améliorer les conditions et l’environnement de travail, deux facteurs d’épanouissement et de performance.
Le rapport des Français au travail en 20 ans a nettement changé
La comparaison des résultats obtenus par Opinion Way et ceux d’une étude datant de 1999 montre une nette évolution du regard des salariés en France sur leur travail. À l’heure actuelle, seuls 19 % d’entre eux jugent leur travail (très) important, contre 70 % en 1999. Cette chute est révélatrice des nouvelles priorités des Français depuis la pandémie.
Désormais, ce n’est plus leur emploi, mais la famille, les loisirs. De même, 40 % des sondés seulement estiment que le travail est indispensable pour développer pleinement leurs capacités alors qu’ils étaient 75 % il y a 13 ans.
Le poids des critères de choix d’un travail a donc totalement changé :
- La conciliation des vies professionnelle et familiale : 47 % (+20,2 points en 20 ans).
- L’utilité de son travail pour la société : 22 % (+4 points en 25 ans).
- La sécurité de l’emploi : 29 % (-14,2 points en 20 ans). Au contraire, la pandémie a entraîné une vague de démissions et de reconversions professionnelles, notamment sous le statut d’indépendant.
- Les perspectives de promotion : 59 % (-24 points depuis 2002), d’autant que le climat incertain sur le marché de l’emploi ne permet pas de se projeter sur le long terme.
- La liberté dans la prise d’initiatives : 65 % (-22,5 points).
Un point intéressant est que les écarts sont très faibles dans les réponses, tous genres et toutes générations confondus, preuve de la place centrale qu’occupe désormais la santé psychologique au travail.